Pourquoi signaler la sortie de cet ouvrage, fort à propos dans ce temps où, nous autres, citoyens, allons devoir nous prononcer sur un choix de président de notre république pour 5 ans ?

Tout simplement parce qu'au-delà de la médiatisation à outrance des faits et gestes des principaux candidats, beaucoup de choses essentielles dans un avenir proche, continuent leur chemin, insidieusement, et font partie des différents programmes sans être ouvertement citées.

Quand j'entends certains discours j'ai carrément froid dans le dos… Cela rappelle des discours de triste mémoire… pas si aussi loin de nous qu'il y parait.
Avons nous vraiment conscience de la surveillance réelle dont chaque citoyen fait l'objet dans ses actes, déplacements, paroles, au quotidien ?
On le sait vaguement, mais nous n'en tenons pas compte à chaque instant.
ce livre vient faire le point d'une réalité qui pour beaucoup d'entre nous est de l'ordre du roman de la science-fiction.
Plutôt que de mal relater, je transcris ici ce qui est donné par l'éditeur.

Le livre
La multiplication des technologies de surveillance, d'analyse du comportement et de stimulation de la consommation va-t-elle bouleverser notre vie quotidienne au cours des prochaines années ? C'est à cette question que l'essai : “Sous l'oeil des puces - La RFID et la démocratie” publié par Actes Sud tente de répondre.
Le livre présente une technologie nouvelle, l'identification par radiofréquences, ou RFID, qui commence à se développer en France à grande échelle dans l'indifférence générale. Qui sait que le passe Navigo de la RATP ou le boîtier Liber-T permettant le passage sans arrêt au péage des autoroutes utilisent déjà la RFID ? Les sociétés de transport identifient ainsi chaque usager dès lors qu'il utilise ces systèmes très pratiques.

Demain, chaque produit manufacturé sera équipé d'une puce RFID. Ces dernières communiqueront par radio avec des ordinateurs qui pourront analyser les déplacements de chaque consommateur. La police disposera d'un moyen supplémentaire de surveillance de la population. Quelle société engendrera une telle généralisation de systèmes d'espionnage de la vie privée ? Que restera-t-il des libertés individuelles ? Le spectre de Big Brother est-il en train de ressurgir sous la forme de Small Brothers?

La 4ème de couverture
“Small Brothers are watching you !”
“Grâce aux nouvelles puces radio communicantes (RFID), ces étiquettes intelligentes qui remplacent peu à peu le code-barre, une multitude d'informations peuvent être collectées à des fins commerciales, mais aussi sécuritaires voire militaires.
En France, le passeport biométrique comme le passe Navigo de la ratp ou celui des péages d'autoroute fonctionnent déjà avec une puce rfid. Bientôt, la plupart des objets de la vie quotidienne en seront équipés.
Sous l'œil des puces propose une enquête sur la RFID, son fonctionnement, ses premières applications et ses perspectives. Des milliards d'étiquettes (ou tags) RFID vont être utilisées dans le monde entier au cours des prochaines années.

Pour Michel Alberganti, cette technologie fait peser une réelle menace sur la démocratie. Grâce à la communication avec les objets via Internet, rares seront nos déplacements, nos habitudes, nos préférences et, même, nos pensées qui échapperont aux mouchards du plus grand réseau de surveillance jamais créé.
Face à la panoplie impressionnante des systèmes de “tra-çabilité”, les institutions semblent bien fragiles. Comment la société peut-elle contenir l'invasion de ces puces radio qui, déjà, s'insinuent jusque sous la peau des citoyens ?”

Sur le site de l'éditeur vous pourrez lire une partie de l'introduction qui est déjà très révélatrice. Partant de la bascule provoquée par l'évènement du 11 septembre 2001, les prétextes de sécurisation face au terrorisme ouvrent la porte à tous une foule de moyens plus sophistiqués les uns que les autres, pour mettre l'ensemble des populations sous surveillance.

Un autre extrait significatif de cette introduction…
“Politiquement, le thème de la sécurité échappe désormais au clivage gauche/droite. En France, le parti socialiste a perdu l'élection présidentielle de 2002 en partie pour ne pas l'avoir compris. Aux Etats-Unis, le président le plus contesté de l'histoire du pays, George W. Bush, doit sa réélection au prestige de sa réaction policière et militaire au 11 septembre, aux mesures qu'il a prises pour protéger son pays et à la guerre qu'il mène en Afghanistan et en Irak. En Angleterre, le Premier ministre travailliste, Tony Blair, a adopté une politique ultra-sécuritaire. L'Iran et la Corée du Nord réclament l'arme atomique.

Dans ce contexte planétaire, le hasard veut que les progrès de la technologie donnent aux thuriféraires de la sécurité des armes nouvelles dont la puissance leur permet d'espérer parvenir à leur fin : contrôler les faits et gestes des dizaines de millions d'individus qui vivent dans chaque pays. Déjà, les systèmes de surveillance prolifèrent. Les caméras se multiplient, les contrôles aux aéroports ou dans les stades deviennent de plus en plus tatillons. Et aucun mouvement de protestation ne s'élève. Ou si peu. Le risque du terrorisme, omniprésent, ne saurait être nié par quiconque. Et puis, si l'on n'a rien à se reprocher…

Mieux, les mesures sécuritaires s'exportent, se mondialisent. Ainsi, les Etats-Unis contraignent de nombreux pays, dont la France, à adopter le passeport biométrique et à participer à la création d'une base de données internationale des déplacements des individus. Qui oserait apparaître, ne serait-ce que par laxisme, comme complice des terroristes ? Il n'y a pas un instant à perdre pour une politique pourtant remise en cause par les agences américaines elles-mêmes, qui considèrent que la stratégie guerrière de George W. Bush a contribué à renforcer le terrorisme au lieu de l'éradiquer ou, même, de l'affaiblir.

Parmi les technologies qui se perfectionnent, il en est une dont les effets sur la société pourraient se révéler particulièrement inquiétants : la RFID, la Radio Frequency Identification en anglais, c'est-à-dire l'identification par radiofréquence. Elle se présente sous la forme anodine et discrète de puces de la taille d'une tête d'épingle munies d'une antenne. Ces étiquettes radio devraient être intégrées, au cours de prochaines années, dans la plupart des objets quotidiens : vêtements, chaussures, produits alimentaires, tickets de transport, cartes bancaires, automobiles, appareils électroniques, téléphones mobiles, ordinateurs portables. Les prévisions tablent sur l'introduction de milliards de milliards de puces RFID qu'il n'est pas bien difficile d'assimiler à des mouchards.

Bien entendu, ces puces radio à vocation commerciale n'ont, en apparence, aucun lien avec la lutte contre le terrorisme, ni même avec le contrôle policier de la population. Pourtant, elles vont créer le plus formidable réseau de surveillance des individus jamais imaginé. La probabilité de les voir envahir la vie quotidienne est renforcée par leur quasi invisibilité, leur fonctionnement insensible, leur coût bientôt négligeable et leur mode de prolifération via la consommation. En effet, ce ne seront ni la police, ni l'armée, ni les services de renseignement qui prendront en charge leur mise en œuvre. Les principaux vecteurs de la dissémination des puces radio seront des acteurs beaucoup plus discrets mais également beaucoup plus puissants sur le plan financier : les entreprises de la grande distribution. Chaque consommateur, chaque citoyen, portera bientôt, souvent sans le savoir, des puces communicantes qui permettront de le suivre à la trace, de reconstituer ses moindres mouvements au cours de sa vie professionnelle comme de sa vie privée. Ces puces sont présentées comme les simples remplaçantes des codes-barres déjà présents sur la quasi-totalité des produits manufacturés. En réalité, leur potentiel dépasse de très loin celui de ces séries de lignes qui permettent de connaître le prix d'un objet à la caisse d'un supermarché. La puce radio contient une quantité de données bien supérieures à celle de ce code numérique élémentaire. De plus, l'information qui y est enregistrée peut être modifiée à tout instant. À la caisse d'un magasin, par exemple, la puce du produit acheté peut être enrichie du nom de l'acquéreur, de la date et du lieu d'achat. Enfin, l'information stockée dans la puce pourra être lue à distance à tout moment. Sans doute la propriété la plus préoccupante de la technologie RFID.”

*******
“Mais est-ce si inquiétant ? Pour les fabricants d'objets et leurs distributeurs, les puces radio ne représentent qu'un perfectionnement technique dont ils attendent une amélioration du fonctionnement et de la rentabilité de leur chaîne de production et de vente. Les puces radio existent déjà dans les usines et les entrepôts. Il ne s'agit, finalement, que d'étendre leur usage. Aux magasins eux-mêmes mais également à la rue et au domicile. Ce faisant, les industriels ne font que généraliser l'informatisation de leur activité. Outre les gains financiers qu'ils en espèrent, ils mettent en avant les avantages pour le consommateur. Le service après-vente, par exemple, sera sensiblement amélioré grâce aux puces qui contiendront toutes les informations nécessaires à la réparation ou au remplacement d'un objet endommagé. La santé, également, peut bénéficier des données stockées dans les dossiers médicaux électroniques.

On peut toutefois craindre que les puces radio n'ouvrent la boîte de Pandore d'une sécurité poussée à l'extrême. Elles laissent entrevoir une société dans laquelle, à tout moment, il sera possible de contrôler les plus intimes détails de la vie privée des citoyens. Plus question d'espérer le moindre espace de liberté, c'est-à-dire d'absence de surveillance. Le 11 septembre engendrera-t-il le 1984 de George Orwell avec quelques années de retard, certes, sur la date prévue mais avec des moyens bien plus perfectionnés que ceux imaginés par l'écrivain visionnaire au sortir de la Seconde Guerre mondiale ? Le Big Brother qu'il craignait pourrait se matérialiser sous la forme de “Small Brothers” beaucoup plus sophistiquées.

Les sociétés économiquement développées vont-elles accepter de vivre en permanence sous l'œil des puces ? Dans les années 1970 ou 1980, la réponse aurait probablement été négative, tant la notion de liberté individuelle conservait une valeur importante. Aujourd'hui, l'aspiration à la sécurité absolue et au risque zéro, l'inscription du principe de précaution dans la constitution française et la nécessité obsédante de se protéger contre le risque d'un terrorisme invisible rendent une réponse positive beaucoup plus probable. Afin que les citoyens soient en situation de juger en connaissance de cause, il semble indispensable, sauf à abolir toute notion de démocratie, d'exposer comment fonctionne cette nouvelle technologie et dans quelle mesure elle est capable de transformer en profondeur notre vie quotidienne.”

Si vous souhaitez plus d'informations sur la RFID, je vous conseille vivement le passage sur le site : http://www.smallbrothers.org/RFID.htm
Et la page : http://www.smallbrothers.org/actu.htm
pour avoir connaissance de l'évolution des techniques de surveillance diverses et variées qui fleurissent au fil des jours.

Concernant le craquage de la puce d'un passeport biométrique anglais :http://www.generation-nt.com/actualites/24944/faiblesse-securite-passeport-biometrique-anglais/

“Nouvelle démonstration de la faiblesse du protocole de sécurité entourant les données des passeports biométriques au Royaume-Uni”.
Adam Laurie, consultant en sécurité dans les domaines de la RFID et du Bluetooth, a réalisé une expérimentation de détournement d'information à partir d'un passeport biométrique produit par le gouvernement anglais, sans le toucher ni le sortir de son emballage, rendant le vol de données totalement indétectable.

Ce type de passeport est proposé depuis l'année dernière et sa puce RFID contient des données personnelles identifiant son porteur. Celles-ci sont représentées par les mêmes informations que celles imprimées sur la version papier et par une photographie.

Des débats publics continuent de faire rage autour des passeports biométriques dans la mesure où la sécurité des données qu'ils sont censés détenir est souvent considérée comme insuffisante. Destinés à réduire le nombre de faux exemplaires, ces passeports ne semblent pourtant pas exempts de dangers, comme le montre nouvelle fois cette expérience.”


Puissions nous tenir compte de ces informations et les avoir présentes à l'esprit lors de notre choix électoral…