Alors que le sud de la France connaissait une période quasi caniculaire, la province nord-ouest de Santa Cruz, et plus particulièrement sur les trois fleuves majeurs : Los Ríos Grande, Ichilo et Piraí, en Bolivie, était confrontée à une vague de froid exceptionnelle alliée à un niveau anormalement bas des cours d’eau amazoniens, qui auraient perdu 1 mètre selon certains relevés, entre la mi-juillet et la mi-août.

Bolivie
Poissons morts - photo du web


Le département de Santa Cruz est le plus vaste département de Bolivie.
Il se situe à la frontière entre le Brésil et le Paraguay, et occupe 33,74 % du territoire national.

Carte de la Bolivie
Carte des départements boliviens


Cette vague de froid exceptionnelle a touché 27 espèces animales : 6 millions de poissons, des milliers de tortues, lézards, alligators, caïmans, oiseaux, capybaras (le plus gros rongeur au monde) ont été retrouvés morts de froid sur 300 km de rivières. Les espèces de poissons les plus touchées sont le surubí, le boga et le pacu, des espèces fortement consommées et appréciées par les populations du département de Santa Cruz.

Bolivie
Poissons morts - photo du web


Du fait du très faible niveau des cours d’eau amazoniens, les espèces animales n’ont pu se réfugier, comme elles le font naturellement dans les profondeurs où les températures restent homogènes.

Pour celles et ceux qui comprennent l'espagnol cette vidéo qui fait un état des lieux assez complet.



“Entre le 24 et le 26 juillet une masse d'air froid a frappé l'hémisphère sud du Continent provoquant des chutes de neige dans les régions chaudes, comme le Chaco au sud-est bolivien, un phénomène climatique qui n'avait pas été enregistré depuis 47 ans ! La température a chuté jusqu'à -3°C dans une région où il fait habituellement entre 20 et 25 degrés“, rapporte Actu Latino.

Cette période correspond à l’hiver en Bolivie, mais cette année les températures enregistrées sont de 10° plus basses que la normale créant une situation d’hypothermie pour les espèces tropicales. La température habituellement autour de 20/25° en journée est tombé à -3°C !
Ce phénomène n’avait jamais été observé en Bolivie.

Devant cet état d’urgence, la ministre bolivienne rattachée à l’Environnement et à l’Eau, María Esther Udaeta, a déclaré que le gouvernement envisageait la possibilité d’interdire la pêche et la chasse dans les lieux particulièrement affectés par la vague de froid.

Les populations qui vivent de la pêche risquent de se rabattre sur la chasse et de ce fait d’aggraver le désastre écologique. C’est d’ores et déjà pour ces populations un désastre économique puisque les 50 communautés qui se consacrent à la pisciculture ont perdu 100 000 alvins destinés à la reproduction.

Ce désastre peut aussi d’entrainer des soucis de santé publique, par les risques de pollutions liés au foyer d’infection que représentent tous ces cadavres animaux dans les fleuves. Fleuves qui constituent les réserves d’eau potable pour les populations établies sur les berges. Face au risque de contamination des eaux, les autorités devraient envoyer rapidement deux systèmes de purification de l’eau capables d’assainir 50 000 litres d’eau par jour. L’une des machines sera envoyée vers la localité de Yuquises.

Selon le Service National d’Hydrographie Navale, qui dépend du Ministère de la Défense, le niveau des fleuves du bassin amazonien, tout spécialement le Ichilo et le Mamoré, devrait continuer de baisser en août, en septembre et en octobre. Ce qui va aggraver les problèmes de navigation et la mortalité de la faune piscicole de cette vaste région.

Parallèlement, les perturbations climatiques ont provoqué d'importantes chutes de neige sur l’Altiplano, habituellement région froide mais sans neige, qui entrainent d’importantes pertes agricoles pour la culture de la pomme de terre, aliment de base d'une partie de la population de cette région.

Tout cela est dramatique pour ce pays le plus pauvre du continent sud américain.
Une fois de plus nous n'en avons pas entendu parler…