Ollanta Humala, le nouveau président du Pérou, a été élu le 6 juin 2011 avec une très courte avance de 2,7 points sur sa rivale, Keiko Fujimori, fille de l'ancien Président Alberto Fujimori (1990-2000), qui purge actuellement une peine de prison pour corruption et violations des droits de l'homme.

Ollanta Humala
Ollanta Humala, photo via internet


Ollanta Humala-Tasso est issu d’une famille andine d'Ayacucho.
Né le 27 juin 1962 à Lima, il est le deuxième de sept frères.
Il a fait ses études au collège japonais-péruvien : La Union à Lima, puis en 1982 il est rentré à l'école militaire de Chorillos, Crl Francisco Bolognesi.

Son père, Isaac Humala, est connu pour son nationalisme et ses théories sur le nationalisme ethnique prônant la revanche historique des Indiens et métis sur les Blancs.

Dans les années 80, Ollanta Humala intègre l'armée, où il atteint le grade de lieutenant-colonel. Il combat activement les guérillas du Sentier lumineux et du Mouvement révolutionnaire Tupac Amaru.

De 1991 à 2000 il a poursuivi une carrière militaire puis sera affecté à l'ambassade du Pérou à Paris, puis à celle de Séoul, avant d'être mis en retraite forcée en 2004.

Il a obtenu en 2001 en maîtrise de sciences politiques à la Pontificia Universidad Católica del Perú et en 2002, il étudie le droit international à l'Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne durant son séjour à Paris et à l'Institut des Hautes Études pour l'Amérique latine.

Tout au long de sa campagne cet ancien militaire, a fait la promesse d’apporter des grandes transformations pour le Pérou.
Il revendique un nouveau socialisme, avec des objectifs comme :
  • la nationalisation des principales ressources du pays (gaz, mines, pétrole…),
  • la volonté de réduire considérablement la mainmise de l'oligarchie et des entrepreneurs nord-américains, israéliens et chiliens,
  • le projet de la mise en place d'une nouvelle constitution.

Au fil des années il s'est éloigné de son ancien mentor, le président du Venezuela, Hugo Chavez, qui fait peur aux Péruviens, et depuis sa précédente campagne de 2006, il a adouci son programme pour rassurer les électeurs et les investisseurs.
Il se présente comme nationaliste et dit vouloir combattre les inégalités sociales, renforcer la présence de l'État et vouloir récupérer le pays pour les Péruviens.

Il a été rapidement félicité par le président indigène de Bolivie, Evo Morales : “Je veux vous adresser mes plus sincères félicitations pour la victoire obtenue à la tête du front Gana Peru (le parti d'Humala)”.
“En mon nom, celui du gouvernement et du peuple bolivien, recevez un salut fraternel et révolutionnaire”, a écrit le président socialiste, pour qui le résultat au Pérou cmarque la volonté du peuple frère péruvien d'avancer dans la transformation du pays et de ses institutions”.


Les résultats de cette élection ont dans un premier temps provoqué une baisse des cours de la Bourse à Lima, comme dans les Bourses de la plupart des pays latino-américains. Quasiment toutes les entreprises cotées à la Bourse de Lima ont perdu de la valeur.
Il y a beaucoup d'incertitudes quand à la politique économique que ce nouveau président mettra en œuvre.

L'inquiétude des entreprises minières y est certainement aussi pour beaucoup. Elles s'attendent à ce que le nouveau président augmente leurs impôts pour financer une partie de ses promesses électorales. Et ce d’autant plus qu’Ollanta Humala a dit, pendant sa campagne, son intention de taxer les profits du secteur minier (or, étain, cuivre, argent…) pour financer ses programmes sociaux, au bénéfice notamment des provinces andines reculées, où la pauvreté touche 60% de la population.
Il a veut aussi que le Pérou soit moins dépendant économiquement de tout le secteur minier.

Actuellement, le taux d´imposition de ces compagnies est très bas au Pérou, car l´ancien président, Alberto Fujimori, leur avait fait des concessions fiscales princières.

Humala dans son programme électoral s’est dit désireux de partager la croissance, qui s'élevait à 8,7% en 2010, dans un des pays les plus inégaux du monde. Au Pérou si la prospérité règne à Lima et sur la côte, pour une élite blanche, il en est tout autrement pour le reste du pays, des Andes ou de l'Amazonie, majoritairement peuplé d’indiens, spectaculairement sous-développé.

Le nouveau président a annoncé :
“Nous voulons instaurer un gouvernement d'unité nationale.
Nous voulons la croissance économique avec un volet social.
Nous pouvons construire un Pérou plus juste pour tous”
.


Économiquement, Ollanta Humala a promis de maintenir un budget en équilibre, d'inclure dans le gouvernement des technocrates expérimentés et de respecter les investisseurs étrangers qui prévoient d'injecter 40 milliards de dollars dans des projets miniers et pétroliers au cours de la prochaine décennie.

La victoire d'Humala, d'origine quechua, comme 80% des Péruviens, est donc celle des exclus.

Elle consacre le grand retour de la gauche à la tête du Pérou, trente-six ans après le régime militaire du général Juan Velasco Alvarado.

La droite ne dirige plus que deux pays en Amérique du Sud : le Chili et la Colombie.