Facundo Cabral, célèbre chanteur argentin, en tournée au Guatemala a été assassiné dans une embuscade planifiée - selon les autorités guatemaltèques -, sur le chemin de l'aéroport de Guatemala Ciudad, le 9 juillet.

Facundo Cabral
Facundo Cabral - photo du web


Né le 22 mai 1937 à la Plata, au sud de Buenos Aires, il était âgé de 74 ans.
C'était un nomade qui se déplaçait d'hôtel en hôtel - “autrement, on accumule des choses”, disait-il.
Amoureux de la vie, il disait en pensant à la mort qu'elle est “comme un espace magique”.
Le jour de ma mort, une milonga (danse populaire argentine) vaudra mieux qu’une bougie pour me veiller”, disait Facundo Cabral.

À huit ans abandonné par son père avec sa mère et ses 5 frères et sÅ“urs, la famille s'installe en terre de feu. Il quitte très tôt le domicile familial pour survivre grâce à de multiples petits boulots. En 1959, il travaillait dans un hôtel de Mar del Plata, le patron lui demande de chanter pour divertir les clients. Il alors tire son inspiration d'Atahualpa Yupanqui et José Larralde, puis très vite il adopte un style personnel dans lequel se mêlent critique sociale, poésie et inspiration.

Il grave ses premiers disques sous le pseudonyme d'El Indio Gasparino sans remporter un grand succès jusqu'à l'écriture de “No soy de aqui, ni soy de alla(Je ne suis ni d'ici, ni d'ailleurs), qui sera connue dans le monde entier, reprise en neuf langues dont certaines versions par des artistes reconnus : Neil Diamond, Pedro Vargas et Julio Iglesias.

En 1976, poursuivi par la dictature militaire sous le régime de Pinochet, il s'exile, comme l'autre chanteur argentin Jaïro. Facundo Cabral choisit Mexique où il continue sa carrière. En 1996 il est nommé “messager mondial de la paix” par l'Unesco.

Facundo Cabral est l'auteur d'une dizaine de livres dont un recueil d'entretien avec l'écrivain argentin Jorge Luis Borges.

No soy de aqui, ni soy de alla

Me gusta el mar y la mujer cuando llora
las golondrinas y las malas señoras
saltar balcones y abrir las ventanas
y las muchachas en abril

Me gusta el vino tanto como las flores
y los amantes, pero no los señores
me encanta ser amigo de los ladrones
y las canciones en francés

No soy de aquí, ni soy de allá
no tengo edad, ni porvenir
y ser feliz es mi color
de identidad

Me gusta estar tirado siempre en la arena
y en bicicleta perseguir a Manuela
y todo el tiempo para ver las estrellas
con la María en el trigal

No soy de aquí, ni soy de allá
no tengo edad, ni porvenir
y ser feliz es mi color
de identidad




Je ne suis ni d'ici, ni d'ailleurs (traduction)

J'aime la mer et les femmes quand elles pleurent,
Les hirondelles, les gourgandines
Sauter des balcons et ouvrir les fenêtres
Et les filles en avril

J'aime le vent autant que les fleurs
Et les amants, mais pas les messieurs
Il me plaît d'être l'ami des voleurs
Et des chansons en français

Je ne suis ni d'ici, ni d'ailleurs
Je n'ai pas d'âge, ni d'avenir
Etre heureux est la couleur
De mon identité

J'ai toujours aimé m'abandonner sur le sable
et poursuivre Manuela en bicyclette
et tout le temps de regarder les étoiles
avec Marie dans le champ de blé

Je ne suis ni d'ici, ni d'ailleurs
Je n'ai pas d'âge, ni d'avenir
Etre heureux est la couleur
De mon identité

Texte et musique de Facundo Cabral


Rigoberta Menchu, figure importante du renouveau guatémaltèque, prix nobel de la paix, s’est rendue immédiatement sur place.
“Nous condamnons un crime terrible au Guatemala, un crime terrible dans notre pays. Un crime qui inspire la terreur et l’horreur. Je ne peux pas m’empêcher de penser, qu’il a été tué pour ses idées, car il n’y avait aucune raison qu’il soit tué au Guatemala”.