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Quand un opéra rime avec l'actualité !!

Publié le mardi 5 juillet 2011 (par Dominique)

Les opéras de Guiseppe Verdi ont depuis leurs créations souvent été des supports à l'expression de révoltes présentes dans l'histoire du peuple italien. La représentation dirigée à l'opéra de Rome le 12 mars 2011 s'inscrit dans cette continuité historique.

Je retranscris ici le texte qui accompagnait la vidéo transmise par une amie.

Le 12 mars dernier, Silvio Berlusconi a dû faire face à la réalité. L’Italie fêtait le 150ème anniversaire de sa création et à cette occasion fut donnée, à l’opéra de Rome, une représentation de l’opéra le plus symbolique de cette unification : Nabucco de Giuseppe Verdi, dirigé par Riccardo Muti.

Nabucco de Verdi est une œuvre autant musicale que politique : elle évoque l'épisode de l'esclavage des juifs à Babylone, et le fameux chant “Va pensiero” est celui du Chœur des esclaves opprimés. En Italie, ce chant est le symbole de la quête de liberté du peuple, qui dans les années 1840 - époque où l'opéra fut écrit - était opprimé par l'empire des Habsbourg, et qui se battit jusqu'à la création de l’Italie unifiée.

Avant la représentation, Gianni Alemanno, le maire de Rome, est monté sur scène pour prononcer un discours dénonçant les coupes dans le budget de la culture du gouvernement. (Alemanno est un membre du parti au pouvoir et un ancien ministre de Berlusconi…)

Cette intervention politique, dans un moment culturel des plus symboliques pour l’Italie, allait produire un effet inattendu, d’autant plus que Sylvio Berlusconi en personne assistait à la représentation…

Repris par le Times, Riccardo Muti, le chef d'orchestre, raconte ce qui fut une véritable soirée de révolution :
- “Au tout début, il y a eu une grande ovation dans le public. Puis nous avons commencé l’opéra. Il se déroula très bien, mais lorsque nous en sommes arrivés au fameux chant Va Pensiero, j’ai immédiatement senti que l’atmosphère devenait tendue dans le public.

- “Il y a des choses que vous ne pouvez pas décrire, mais que vous sentez. Auparavant, c’est le silence du public qui régnait. Mais au moment où les gens ont réalisé que le Va Pensiero allait commencer, le silence s’est rempli d’une véritable ferveur. On pouvait sentir la réaction viscérale du public à la lamentation des esclaves qui chantent : “Oh ma patrie, si belle et perdue !”

- “Alors que le Chœur arrivait à sa fin, dans le public certains s’écriaient déjà : “Bis !” et “Vive l’Italie !”, “Vive Verdi !” Des gens du poulailler commencèrent à jeter des papiers avec des messages patriotiques – certains proposant même “Muti, sénateur à vie !”

Bien qu’il l’eut déjà fait une seule fois à La Scala de Milan en 1986, Muti hésitait à accorder le bis pour le “Va pensiero”. Pour lui, un opéra doit aller du début à la fin.

- “Je ne voulais pas faire simplement jouer un bis. Il fallait une intention particulière”, raconte-t-il.

Mais dans le public, se réveillait déjà un sentiment patriotique. Dans un geste théâtral, le chef d’orchestre s’est alors retourné vers le public (et M. Berlusconi).
Voilà ce qui s'est produit : Après que les appels pour un “bis” du “Va Pensiero” se soient tus, on entend dans le public : “Longue vie à l'Italie !”

Le chef d'orchestre Riccardo Muti s'adressa alors au public :
- “Oui, je suis d'accord avec ça, “Longue vie à l'Italie” mais… [applaudissements]
Je n'ai plus 30 ans, et j'ai vécu ma vie, mais en tant qu'Italien, qui a beaucoup parcouru le monde. J'ai honte de ce qui se passe dans mon pays. Donc, j'accède à votre demande de bis pour le “Va Pensiero”. Ce n'est pas seulement pour la joie patriotique que je ressens, mais parce que ce soir, alors que je dirigeais le Chœur qui chantait “O mon pays, beau et perdu”, j'ai pensé que si nous continuons ainsi, nous allons tuer la culture sur laquelle est bâtie l'histoire de l'Italie. Auquel cas, nous, notre patrie, serait vraiment “belle et perdue”. [Applaudissements nourris, y compris des artistes sur scène]

Depuis que règne par ici un “climat italien”, moi, Muti, je me suis tu depuis de trop longues années. Je voudrais maintenant que nos donnions du sens à ce chant ; comme nous sommes dans notre Maison, le théâtre de la capitale et avec un chœur qui a chanté magnifiquement avec un superbe accompagnement, si vous le voulez bien, je vous propose de vous joindre à nous pour chanter tous ensemble.”

Il invita, alors, le public à chanter avec le Chœur des esclaves.
- “J’ai vu des groupes de gens se lever.
Tout l’opéra de Rome s’est levé.
Et le Chœur s’est lui aussi levé.
Ce fut un moment magique dans l’opéra.”


Ce soir-là, fut non seulement une représentation du Nabucco, mais également une déclaration du théâtre de la capitale à l’attention des politiciens.”



Va' pensiero, Riccardo Muti, Opéra de Rome, le 12 mars 2011
Cette version présente l'énorme avantage d'être sous-titrée en français

L'humanité... c'est difficile

Publié le vendredi 1 juillet 2011 (par Dominique)

J'aime beaucoup le dessinateur (oui, oui, LE dessinateur) Maliki.
Son trait est fin, nuancé, le propos toujours vif et bien affuté.

Cette semaine, le strip de Maliki est un “Petit réquisitoire contre l'humanité”.

Maliki - Petit réquisitoire contre l'humanité
dessin de www.maliki.com


Un véritable petit bijou.

En quelques vignettes, Maliki, fait le tour de cette humanité
étonnante et insupportable à la fois…
dont chacun de nous fait partie…
parfois avec beaucoup de difficulté,
parfois avec carrément de la honte,
d'autres fois avec colère,
et les meilleurs jours avec tendresse, ou amusement.

Maliki - Petit réquisitoire contre l'humanité
dessin de www.maliki.com


Par certains côtés, il me rappelle la tirade “humaniste” du Diable dans le film : L'Associé du Diable, remarquablement interprétée par Al Pacino.
Un véritable morceau d'anthologie à savourer dans le contexte du film, comme isolé, tellement ce texte est succulent.

Ici c'est de la vision d'un humain sur l'humanité dont il fait partie.

Peut-être un peu long à lire à l'écran…
mais tellement vrai !!

Pour vous faciliter la lecture vous pouvez le télécharger ICI au format pdf.

Je vous conseille de lire d'abord le propos de l'auteur en bas de la page avant de lire le strip lui-même, il y définit très bien son état d'esprit du moment.

Bonne lecture à tous !!!