Regards

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Nous, Juifs contre les frappes d'Israël

Publié le jeudi 10 août 2006 (par Dominique)

Vingt-quatre ans après les massacres de Sabra et Chatila et l'appel de Pierre-Vidal Naquet, nous condamnons les attaques meurtrières de Tsahal et demandons un cessez-le-feu immédiat au Liban.

Voici vingt-quatre ans, Israël lançait au Liban l'opération “Paix en Galilée”, qui allait, par les bombardements terrestres et aériens, faire des centaines de victimes civiles et qui devait aussi, du fait de l'appui apporté par Israël à ses supplétifs libanais, conduire aux massacres de Sabra et Chatila.

C'est alors que, grâce à l'initiative de Pierre Vidal-Naquet notamment , fut lancé un appel de cent intellectuels juifs qui se désolidarisaient des soutiens inconditionnels à l'opération menée par Ariel Sharon et la condamnaient.

Après les massacres, un rassemblement devant l'ambassade d'Israël fut organisé par le Comité des Juifs contre la guerre au Liban pour exprimer sa colère. Vingt-quatre ans plus tard, les successeurs de Sharon ont pris la relève. Ils lancent sur le Liban des attaques meurtrières comme celle de Cana, où les victimes sont surtout des femmes et des enfants comme ce fut le cas dix ans plus tôt au même endroit.
En Cisjordanie et dans la bande de Gaza, après l'enlèvement d'un soldat israélien, et prenant prétexte du tir de roquettes artisanales, l'armée israélienne, après son coup de force contre le gouvernement palestinien démocratiquement élu, tire à l'arme lourde avec, là encore, des dizaines de victimes, dont la moitié sont des civils, femmes et enfants compris, cela après avoir détruit les infrastructures assurant un minimum vital aux populations.

Précisons-le : les soussignés ne sont des inconditionnels ni du Hezbollah, ni du Hamas. Et nous avons toujours condamné les attentats-suicides contre les populations civiles israéliennes, tout comme nous déplorons, aujourd'hui, que les Israéliens soient victimes des missiles qui frappent le nord de leur pays.

Mais quoi qu'on puisse penser du Hezbollah, l'attaque qu'il a menée contre des soldats israéliens, dont certains furent tués, et d'autres, enlevés, a servi de prétexte au gouvernement israélien pour mettre en application un plan qu'il avait déjà préparé longtemps à l'avance.

Et reviennent, comme toujours, les appels à l'union sacrée et au soutien inconditionnel à Israël lancés par les institutions qui prétendent représenter la totalité des voix juives en France. Cela non plus, nous ne pouvons l'accepter. Comme en 1982, comme à de nombreuses reprises depuis, les soussignés, Juives et Juifs, reprennent les termes du dernier appel signé par Pierre Vidal-Naquet quelques jours avant sa disparition : “Assez ! Trop, c'est trop !” Il faut un cessez-le-feu immédiat et total, aussi bien au Liban qu'en Israël, en Cisjordanie et à Gaza. Il faut l'ouverture de négociations dont les premiers objectifs seront un échange de prisonniers, le retour de la sécurité et de conditions humaines pour toutes les populations concernées.

Nous demandons au gouvernement français et aux instances européennes de défendre cette position qui avec la juste solution du problème palestinien est la seule capable d'éviter une extension catastrophique du conflit.

Nous tenons, par ailleurs, à saluer nos amis israéliens qui manifestent dans des conditions très difficiles contre la politique de leur propre État.

Premiers signataires :
Raymond Aubrac (ancien résistant), Rony Brauman (médecin, essayiste), Rachel Choukroun (présidente de femmes en Noir, Marseille), Stéphane Hessel (ambassadeur de France), Marcel-Francis Kahn (professeur de médecine), Pascal Lederer (animateur d'Une autre voix juive), Perrine Olff-Rastegar (porte-parole du Collectif judéo-arabe et citoyen pour la paix, Strasbourg), Richard Wagman (président d'honneur de l'Union juive française pour la paix, UJFP)

09 août 2006 - Paru dans le Journal “Libération”

Ces amis qui poussent Israël vers l'abîme

Publié le mardi 8 août 2006 (par Dominique)

Je choisis de mettre à disposition, en relais du journal le Monde, cet article d'un auteur plus connu pour ses romans, que pour sa pensée politique,Tahar Ben Jelloun, écrivain franco-marocain.. Son article a l'intelligence de faire appel au réalisme, dont il est rarement question dans le débat Israelo-Palestinien. Ce texte, même s'il est par certains aspects trop naïf, trop idéaliste, si on peut lui reprocher de mettre de côté beaucoup de réalités politiques et religieuses, d'être très incomplet sur le plan historique, il a le mérite de synthétiser clairement le drame qui se joue actuellement dans cette partie du globe.

Un texte qui présente l'autre versant, qui pose des questions, des postulats pour nourrir notre propre réflexion sur la dernière guerre en cours… et au delà sur le sens de la VIE tout simplement.

Depuis bientôt 60 ans la haine, les massacres, le terrorisme s'activent et pourtant il faudra bien un jour trouver comment lâcher les idéologies, arrêter de compter les coups et regarder la réalité de la vie des humains de ces terres massacrées.
Comment accepter que des analyses pertinentes et sensées restent sans écho dans la communauté internationale qui se prétend pourtant si bien informée ?
L'antisémitisme existait bien avant l'occupation des territoires arabes de 1967.
Une question me brûle les lèvres : si l'État d'Israel n'existait pas, y aurait-il ou pas de guerre en Palestine ?

Un élément essentiel malgré tout me semble oublié dans ce texte : les habitants de ces pays en guerre. Les femmes, les enfants, les agriculteurs, tous ceux qui font la vie d'un peuple et d'un pays et qui font les frais des idéologies, des accords économiques internationaux, des dogmes des religions poussés à l'extrême. L'être humain au départ demande seulement à vivre en paix avec sa famille, à travailler pour se nourrir et profiter tranquillement de la vie terrestre. Il semble que cela soit totalement oublié : VIVRE et APPRECIER la VIE TERRESTRE pour tout ce qu'elle peut apporter de beau et de bon à chacun. Et cela bien au-delà des prérogatives des grands trusts, des idéologies politiques et religieuses qui ne cherchent jamais le bien des gens mais le plus de biens à acquérir.

L'AVOIR et le POUVOIR s'affrontent dans une lutte sans merci à la surface de la terre. Autrefois nous ne savions pas son étendue car l'information était plus lente à se répandre. Aujourd'hui nous sommes beaucoup plus nombreux, les trésors de la terre diminuent, l'homme saccage la planète sans conscience des conséquences. Les états ont peur de perdre de l'influence, du pouvoir, donc ils cherchent à mettre la main sur le maximum de matières premières au détriment de la VIE.

Tous nos politiciens auraient-ils oublié le véritable sens de la VIE ?

Les extrémismes de tous poils s'arrêteront-ils un jour, pour laisser l'humanité admirer et vivre pleinement la beauté de cette terre qui la supporte et nourrit ses enfants de la naissance à la mort ?

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Nous irons bien demain, et vous ?

Publié le mardi 8 août 2006 (par Dominique)

Je ne suis partisane ni pour, ni contre, les uns ou les autres. La voix de ceux qui subissent des agressions, exactions ou autres sévices méritent simplement d'être entendus. Aussi j'ouvrirai régulièrement mon blog à ces témoignages venus du Liban, réceptionnés grâce à une amie québécoise. Offrant ainsi un espace pour être lu, entendu, pour laisser une expression autre que celle des médias officiels. Autant que possible je citerai mes sources avec précision.

Texte transmis via Lina El Baker, par Robert Bibeau de Montréal - Québec - Le 31 Jullet 2006

Beyrouth le 30 juillet 2006

Drapeau libanais
Drapeau libanais

Je pourrais m'obstiner à dire : “Nous allons bien, et vous ?
Pour rester fidèle à notre honnêteté envers tous nos amis, ce matin, à l'heure qu'il est, je ne le puis.
Je trahis notre promesse collective : Je ne vais pas bien !

Je suis seul, j'ai rendez-vous avec mes admirables coéquipiers demain matin (inch'allah), je suis seul avec les images et les cris des victimes du nouveau carnage commis par l'armée israélienne : le village de Qana, à l'Est de Tyr, contrôlé par les Forces de l'ONU, célèbre par les noces bénies par un certain Jésus il y a deux millénaires, célèbre par un carnage commis par l'armée israélienne le 16 avril 1996 (avant-dernière en date des agressions israéliennes sur le Liban).

QANA, CE MATIN, A DE NOUVEAU ETE LA CIBLE DES CRIMINELS DE TSAHAL : une habitation de trois étages ou dormaient une cinquantaine de civils, pour la plupart des femmes et des enfants, a reçu la carte de visite d'un superbe pilote israélien, aux nerfs d'acier et à l'étincelante technologie, capable de déchirer le ciel et d'atteindre une cible avec une précision admirable (camion de ravitaillement, camionnette surchargée de réfugiés, antenne de télécommunication, vélomoteur(!).), Herakles moderne capable de semer la mort avec un seul doigt.

CE MATIN, À L'AUBE, 35 CADAVRES (dénombrés à l'heure qu'il est) : 21 ENFANTS ET QUATORZE ADULTES PRESQUE TOUS DES FEMMES, portent la signature indélébile et infamante de ce salopard qui n'aura même pas le courage de dire son nom.

Ce matin, un pilote israélien se sent bien dans sa peau, et moi, je ne vais pas bien.

Pour ceux qui ne le savent pas: Entre Marwahine (15 juillet) et Qana (30 juillet), plusieurs autres carnages de ce genre ont été perpétrés, Srifa, Nmeyrieh, . je ne suis pas capable de les citer tous ni d'en parler avec précision. Un jour, les historiens parviendront à comptabiliser le nombre de morts et à dénombrer les massacres dont Tsahal devra répondre, je crois qu'on sera consterné.

Ce matin, nous avions (dans notre groupe), décidé de vous parler d'autre chose. Nous ne sommes pas encore prêts à le faire (en ce qui concerne les détails concrets, pour que notre message soit précis), mais devant l'urgence, je vous supplie de prendre au sérieux cette information et cet appel : Bush a annoncé à Washington et Israël confirmé l'envoi de 1.500 bombes d'un genre nouveau (des bombes “intelligentes” c'est comme ça qu'on les appelle, en anglais “smart bombs” d'une puissance de destruction et d'une capacité de précision inégalées), afin de compenser l'impuissance de l'armée israélienne à réduire la résistance libanaise et la déroute humiliante qu'elle a essuyée dans l'échec de l'avancée terrestre dans la région de Bint Jbail. Ces 5.000 bombes ont déjà quitté les États-Unis et une partie se trouve déjà en Israël après avoir fait escale en Ecosse où M. Blair leur a prêté une base pour le réapprovisionnement en carburant.

  1. M. Blair a-t-il l'approbation de son gouvernement ?
  2. Les Anglais acceptent-ils que leur pays serve de relais aux “armes de destruction massive” que leurs soldats ont soi-disant été cherché en Irak ?
  3. L'ONU, les Etats d'Europe, ont-ils un mot à dire à ce propos ?
  4. Les peuples d'Europe vont-ils donné leur suffrage à cette ignominie et construire l'Union Européenne en assumant le rôle de laquais des États-Unis ?
  5. Le monde est-il prêt à supporter les conséquences écologiques et humaines de cette guerre sur laquelle vont se modeler les prochaines entreprises de destruction de la planète ?


Il y a urgence URGENCE URGENCE URGENCE

Si nous devons payer le prix de cette barbarie et que le monde n'a pas les moyens de l'empêcher tout de suite, que cela serve au moins à créer un sursaut.

Je viens à l'instant de recevoir des précisions sur les “cadeaux” de Bush à ses amis israéliens: il s'agit des JDAM (Joint Direct Attack Munition). Une bombe JDAM est une bombe guidée par GPS. De telles bombes ont été utilisées par l'armée américaine en Afghanistan, durant la guerre du Kosovo et en Irak (notamment en 1998 lors de l'opération “Desert Fox”), elle sont une partie importante de l'armement air-sol de ces forces. Actuellement améliorées, (variantes GBU - guided bomb units -, système satellitaire de guidage de haute précision), elles sont “intelligentes” c'est-à-dire “guidées” après avoir été lâchées à haute altitude, n'explosent pas au moment de l'impact mais sont munies de “pénétrateurs” qui leur permet de s'enfoncer jusqu'à une profondeur qui peut aller jusqu'à 30 mètres à l'intérieur du sol. L'explosion en profondeur a une puissance de destruction phénoménale dans un périmètre donné (j'ignore pour le moment le chiffre), et des effets électromagnétiques pouvant brûler les gens, provoquer des court-circuits sur les villes, détruire les centres nerveux électroniques, absorber l'oxygène des souterrains et des espaces clos !!! (consultez si vous voulez Google et Wikipedia)

Nous avons besoin d'urgence d'Emile Zola, de Jean Jaurès, de Léon Blum. Pas pour nous protéger et nous sauver d'une catastrophe de plus en plus inévitable, mais pour accuser, défendre l'honneur de la communauté humaine, laisser une chance à l'avenir de l'humanisme, témoigner de la criminalité des uns : Bush et sa bande de trafiquants d'armes et de milliardaires du pétrole, Tony Blair, traître à son pays en étant au service d'un autre, et l'État Major israélien, la complicité des autres, l'Arabie Saoudite, la Jordanie, l'Egypte, l'Allemagne, et tous ceux qui ont cautionné la destruction du Liban pour se débarrasser du Hezbollah, le laxisme honteux de l'ONU, de la France, de l'Europe, des Arabes, qui n'osent pas prendre une position ferme et honorable par je ne sais quel calcul politique, diplomatique ou mercantile.

Je livre les criminels aux jugements de l'Histoire, leurs complices à l'opprobre de leurs peuples, les impuissants à leurs tourments de fonctionnaires incapables de démissionner et d'avouer leur incompétence.

Pour nous, êtres humains de partout, sans armes et sans pouvoirs, que le temps dont nous sommes les maîtres, le nôtre, soit cet espace sans frontières où la parole, indestructible, résiste à toutes les armées du monde, échappe à tous leurs crimes, devient poème, chanson, musique, image, larmes et sourires, mémoire des morts, thrénodie des villes détruites et des terres brûlées, hommage aux enfants qui nous ont donné leur sève.

Signé : Roger Assaf, Issam Bou Khaled, Kamal Chayya, Rawya El Chab, Zeina Saab De Melero, Said Serhan, Fadi el Far, Tarek Atoui, Hagop Der Ghougassian, Abdo Nawar, Hanane Hajj Ali, Abder Rahman Awad, Zeinab Assaf, Bernadette Houdeib, Ibrahim Serhan, Nehmat Atallah.