Je profite de l'annonce du rassemblement des Anciens en Arizona pour commencer de mettre en ligne progressivement mon carnet de voyage concernant mon périple en Amérique Latine de l'an dernier.

Un périple d'un mois qui m'a mené de l'Amazonie péruvienne autour d'Iquitos à Quito la capitale de l'Équateur, pour la fête du Soleil, puis dans la cordillère des Andes entre Cusco (au Pérou) et Lapaz (Bolivie).

Si je commence par mon passage à Quito, c'est tout simplement parce que j'y ai rencontré des chamans qui sont présents au rassemblement en Arizona.

En juin 2008, j'étais à Quito, capitale de l'Equateur, pour célébrer la fête du soleil sur le solstice d'été, l'Inti Raymi, en langue quechua de la cordillère des Andes.
En cette année 2008, la célébration se déroulait dans le cadre d'une rencontre internationale des sciences ancestrales andines et des guides spirituels.

Rencontre Internationale Andine
Affiche de la Rencontre Internationale des Sciences Ancestrales Andines


Cette manifestation était une première à Quito, à l'initiative d'Atawallpa Makarios Oviedo, coordinateur général du Mouvement pour la Pachamama. Il a créé et dirige l'Institut Pachamama dans le centre de Quito. Un Institut où il collationne le maximum de connaissances et de savoirs ancestraux liés aux traditions andines de tout le continent sud-américain.
Principaux intervenants du colloque

Une partie des intervenants du Colloque : Adolfo Chambi (Bolivie), Ernesto (Nouveau Mexique), Fidel Torrez Jimenez, ? (Vénézuela), Atawallpa M. Oviedo - le coordinateur - (Equateur), Rosmery Vargas Vilela (Bolivie), Vidal Ayala Sinchez (Pérou), ? (Colombie)

La cordillère, véritable colonne vertébrale de ce continent le traverse du nord au sud.
Malgré l'invasion espagnole, tous les villages des hauts plateaux ont conservé quasi intactes leurs traditions, leurs langues et leurs modes de vie.

Les anciens déplorent une désaffection de plus en plus marquée d'une grande partie des jeunes générations pour tout ce touche aux savoirs, aux croyances, aux pratiques ancestrales. Ils sentent que leurs pratiques et leurs connaissances sont en voie de disparition, tout comme la qualité de vie sur terre.
Le modèle Américain, très proche géographiquement, est très présent dans la vie quotidienne avec la télévision omniprésente dans beaucoup de foyers de la capitale et des grandes villes, mais aussi avec les multiples fastfoods et autres commerces inspiré des USA.
La population de l'Equateur est très jeune, l'âge moyen se situe entre 15 et 30 ans.

Les jeunes générations, veulent tout, tout ce suite, veulent tout ce qui brille, une vie facile, sans se rendre compte de ce que cela implique sur le plan financier, économique et social. Ils rejettent les modes de vie de leurs ancêtres. Des modes de vie plus exigeants, plus rudes, moins attrayants, mais respectueux des rythmes naturels de la terre et des éléments, respectueux des autres. Beaucoup quittent les campagnes pour l'eldorado illusoire des grandes villes.

La connaissance de cette planète, notre Terre d'accueil, la Pachamama, la conscience de nous trouver à un moment particulier de la vie de la planète incite les anciens à se rassembler, à parler de ce qu'il savent et pratiquent depuis toujours par transmission orale, dans le but de transmettre un savoir vital avant qu'il ne soit trop tard.

De nombreux chamanes et guides spirituels venus des différents pays d'Amérique latine (Pérou, Bolivie, Colombie, Equateur, Argentine, Vénézuela), d'Amérique Centrale (Mexique) ont répondu à la proposition de ce rassemblement dans un esprit d'échange et de partage entre le 19 et le 23 juin 2008 à Quito.

Beaucoup ont plus de 70 ans et certains ont fait le trajet dans des conditions souvent difficiles utilisant les lignes de bus régulières parcourant des milliers de kilomètres pour arriver à Quito.

Tous ces pays dans les temps anciens se disaient “fils et filles du Soleil” pas par simple croyance, mais par conscience profonde que leur vie dépendait complètement de l'énergie du soleil, que ce soit pour les cultures, l'élevage…
Tout ce que nous sommes, tout ce qui fait la vie sur terre est rythmé, programmé, dépend du cycle du soleil.

Ces femmes et hommes de connaissance ont tour à tour exprimé ce que représentent la Terre, l'Air, l'Eau, le Feu, la Vie dans son ensemble, dans leurs traditions.
Ils ont aussi rappelé les devoirs de l'humain envers cette Terre Mère, Pachamama, qui les nourrit, les abrite, leur permet de grandir en son sein.
La terre n'appartient pas aux humains.
Ils sont de passage sur une terre d'accueil.
Ils en sont les dépositaires, les gardiens, pour les générations à venir.
Les humains ont le devoir de transmettre ce bien précieux dans les meilleures conditions possibles à leurs enfants et petits enfants.

Ils ont tous beaucoup insisté sur nos responsabilités à chacun, sur l'importance de la conscience à apporter à ce processus de transmission de cette terre d'accueil à nos descendants. Nous sommes tous responsables de la qualité de la Terre que nous transmettrons aux jeunes générations.
Nous avons à les éduquer pour qu'ils aient à leur tour conscience de leur rôle et de leurs responsabilités dans cette chaîne de transmission.

Des cérémonies traditionnelles très fortes de significations et d'engagements, très fraternelles aussi, alternaient avec les colloques.

Une première cérémonie traditionnelle a clôturé le 1er colloque au ministère de la Culture de Quito le 19 juin.

Cérémonie traditionnelle
1ère cérémonie traditionnelle au Ministère,de la Culture de Quito


Le 20 juin au matin une grande cérémonie, la première de l'Inti Raymi, conviviale sur la grande place devant l'église San Francisco réunissait les participants au colloque avec l'Asociacion de Shamanes Naturistas de Pichincha.

Place San Francisco - Quito
Cérémonie traditionnelle Place San Francisco - Quito avec les offrandes à la Pachamama


La cérémonie c'est terminée avec des danses populaires traditionnelles auxquelles tous les habitants et visiteurs présents ont joyeusement participé.

danses populaires

danses Populaires
Danses populaires Place San Francisco - Quito


Le soir nous avons rejoint en voiture le site du Mitad del Mundo, à quelques 20 kilomètres au nord de Quito, pour vivre en pleine nature sur le site du milieu du monde la nuit du solstice en participant à des rituels anciens.

Dans la tradition, l'Equinoxe du 21 mars est le moment le plus important de l'année, il correspond au soleil de feu, alors que le solstice du 21 juin correspond lui, au soleil d'eau.
De nombreuses personnes se rassemblent à partir de 22h sur la montagne pour la veillée jusqu'à l'aube.

Rassemblement au Mitad del Mundo
Rassemblement au Mitad del Mundo


Il fait très froid en cette période de l'année à 2500 mètres d'altitude, il faut prévoir des couvertures chaudes, en alpaga par exemple.

Au matin on assiste au lever de soleil, c'est magnifique.

lever du jour
Lever du jour sur le Mitad del Mundo


Il y a ensuite la célébration du soleil avec des groupes des environs.

Célébrations au Soleil du matin
Célébration du matin - Mitad del Mundo


Le dimanche 22 le colloque était accueilli par la ville d'Agato, près d'Otavalo à une centaine de kilomètres au nord de Quito.

Agato
Célébration de l'Inti Raymi à Agato


Une importante communauté c'est créée dans cette ville pour conserver et perpétuer le savoir des anciens. Il s'agit du Centro de sabiduria Ancestral Pakarinka Sisari. Il est particulièrement agréable d'y rencontrer de nombreux jeunes Equatoriens apportant leur jeunesse et leur enthousiasme à ce projet.

Centro de sabiduria Ancestral Pakarinka Sisari
Centro de sabiduria Ancestral Pakarinka Sisari - Agato


Tout l'après midi il y a eu préparation des ingrédients de la soirée avec beaucoup de chants, de danses et de partages multiples.

Inti Raymi
préparation de la dernière soirée- Agato


Le point final de cette rencontre était le bain de minuit traditionnel dans la cascade sacrée de Perguche.
De très nombreux équatoriens de Quito et des villages autour d'Otavalo convergent à cette grande fête traditionnelle. Sur tout le trajet entre Agato et la cascade des chants, des danses, des rondes et près de la cascade une véritable kermesse est installée pour l'occasion.

Chants et danses autour de Perguche
Chants et danses sur le chemin de la cascade de Perguche


Les plus courageux se baignent dans le noir. j'ai personnellement trouvé cela trop dangereux avec les pluies des derniers jours les abords étaient particulièrement glissants. Il y a avait un programme de 15 jours de travail et de découverte avec d'autres chamanes. Je n'ai pas voulu prendre de risques inutiles. Les pluies des derniers jours avaient gonflé les eaux aussi même sans se baigner on était bien arrosé !!!

Bains rituels à la cascade de Perguche
Bains rituels à la cascade de Perguche


Au retour nous avons pris à grand regret congé de tous nos amis de ce continent avec lesquels nous avons passé des heures inoubliables.
Nous en avons retrouvé quelques uns en Bolivie à la fin du séjour.

Je ne sais pas si cette année 2009 verra un autre colloque pour l'Inti Raymi.
C'est très différent de vivre cette fête en Équateur que de la vivre à Cusco par exemple comme cela m'était arrivé il y a 4 ans.